Les femmes dans le leadership local
Fière d’avoir collaboré avec la FCM (Fédération canadienne des municipalités) pour le rapport du projet sur les femmes en leadership local (PMI-WILL).
PMI-WILL signifie Partenariat pour l’innovation municipale – Women in Local Leadership. Il s’agit d’un projet mis en œuvre par la Fédération canadienne des municipalités (FCM) en partenariat avec ses membres et financé par Affaires mondiales Canada (ministère canadien des Affaires étrangères).
Le projet de six ans (2021-2027) vise à renforcer les droits des femmes et des filles dans cinq pays : Bénin, Cambodge, Ghana, Sri Lanka et Zambie. Dans ce cadre, il soutient les femmes élues et administratrices locales au niveau municipal, les conseillères municipales et les gouvernements locaux dans ces pays partenaires.
Sur la base d’études de recherche menées dans les 5 pays susmentionnés, j'ai été mandatée pour faire le rapport de synthèse de 10 rapports pays et de mettre en évidence les défis concernant les obstacles à la participation des femmes dans les gouvernements locaux en tant que responsables élus et administrateurs dans quatre domaines thématiques: socioculturel et religieux, cadre politique et juridique, dispositions institutionnelles, et les obstacles individuels.
Les principales constatations dans ces quatre domaines sont les suivantes.
i) Domaine socioculturel et religieux :
Les normes patriarcales sont répandues dans les 5 pays et elles conduisent à la discrimination, aux stéréotypes de genre négatifs et entravent souvent l’éducation des filles, comme au Bénin et au Cambodge. Malgré les efforts institutionnels visant à mettre fin à la violence à l’égard des femmes, celle-ci reste répandue au Bénin. La culture consistant à mettre l’accent sur la femme en tant que gestionnaire de ménage ne laisse qu’une faible chance aux femmes de s’impliquer dans le développement social, économique et politique du Cambodge. Au Ghana, la société a tendance à juger les femmes davantage sur leurs performances en tant que mères et épouses, plutôt que sur leurs réalisations dans leur carrière. La préférence sexuelle des parents pour les hommes par rapport aux femmes au Sri Lanka renforce les stéréotypes selon lesquels un garçon deviendra un homme et une fille grandira pour servir l’homme. D’autres normes négatives telles que le test de virginité, les mutilations génitales féminines au sein des communautés musulmanes empêchent de nouveaux progrès en matière d’égalité des sexes et restent un obstacle persistant à l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Le mythe selon lequel les femmes sont incapables d’occuper des postes de direction a été identifié comme un stéréotype de genre qui affecte la performance des administratrices dans les gouvernements locaux. En Zambie, il existe un concept profondément enraciné de relations inégales entre les sexes dans lesquelles les hommes sont supérieurs aux femmes; le pays a un double système juridique (lois et lois coutumières) qui a entraîné un certain nombre d’inégalités entre les sexes dans l’exécution des lois.
ii) Cadre politique et juridique :
Même si les 5 pays disposent d’instruments juridiques et de constitutions nationales qui mettent l’accent sur le principe de l’égalité des sexes, la mise en œuvre de ces cadres juridiques est faible. Il y a un manque de politiques et de cadres juridiques sensibles au genre, ainsi qu’un manque de volonté politique de soutenir les femmes. Les quotas sont identifiés comme un mécanisme pour soutenir la participation des femmes à la vie politique, mais tous les pays ne les ont pas mis en œuvre. Il est important de noter que la loi n° 1 portant modification de la loi sur les autorités locales du Sri Lanka a été révisée en 2017 par la loi n° 16 afin d’inclure un quota de 25% de femmes aux élections locales.
iii) Dispositions institutionnelles
La recherche souligne le rôle du système électoral et du mode de scrutin, en particulier le positionnement discriminatoire des femmes sur les listes électorales (dernière position ou alternatives) au Bénin, au Cambodge et au Sri Lanka, les différentes formes de corruption lors des élections et la structure des partis politiques dans les 5 pays contre les femmes, car ils ne soutiennent pas financièrement les femmes et les femmes manquent de mentors pour les guider dans la vie politique. En ce qui concerne la position des femmes dans l’administration locale, le rapport souligne les problèmes de violence et de harcèlement sexuels auxquels les femmes sont confrontées et les conséquences que cela a sur leur carrière au Bénin, au Ghana et en Zambie. Les femmes n’occupent pas de postes de direction. La conciliation de la vie professionnelle et personnelle est très difficile, en particulier pour ceux qui doivent parcourir une longue distance entre leur bureau et leur domicile.
iv) Barrières individuelles
Il s’agit notamment des contraintes financières, des pressions sociales, des obstacles psychologiques, des responsabilités familiales et de la violence. Les obstacles financiers ont été identifiés comme un obstacle important dans les 5 pays, car les femmes n’ont pas assez d’autonomie financière pour une carrière politique. La pauvreté, le manque d’éducation et l’accès difficile à l’information limitent également davantage la participation des femmes à la politique et à l’administration locale. Malgré ces obstacles, de nombreuses femmes sont motivées à s’engager en politique et à œuvrer en faveur d’un changement dans leur société et dans la situation des femmes en général, même si des obstacles économiques entravent souvent leurs efforts.
Ces questions sont analysées en profondeur dans le rapport et des recommandations clés sont formulées dans les cinq pays.
Vous trouverez de plus amples renseignements dans le document final publié par la FCM (www.fcm.ca).
Je tiens à remercier la FCM et en particulier Elsie Ondokor, spécialiste de l’égalité des genres et de l’inclusion sociale, pour sa collaboration et sa confiance. Ce fut un réel plaisir de travailler avec elle.
Un remerciement particulier aux associations nationales de gouvernements locaux des 5 pays qui étaient responsables de la recherche dans leur pays:
- Bénin- Association Nationale des Communes du Bénin (ANCB)
- Cambodge - Ligue nationale des conseils locaux du Royaume du Cambodge (NLC)
- Ghana-Association nationale des autorités locales du Ghana (NALAG)
- Sri Lanka - Fédération des autorités gouvernementales locales du Sri Lanka (FSLGA)
- Zambie - Association des gouvernements locaux de Zambie (LGAZ)
Enfin, félicitations et remerciements aux consultants qui ont rédigé les 10 rapports, au Dr James Mensah et à tout le personnel de la FCM qui ont appuyé et guidé la finalisation de la publication.