La Dimension du Genre dans la Coopération Décentralisée
C’est le sujet sur lequel j’ai travaillé pour une publication éditée par l’Association Française du CCRE, dans le cadre des activités de Platforma.
Le sujet avait déjà été analysé il y a quelques années. Il s’agissait pour moi de compléter et mettre à jour cette perspective grâce aussi à ma longue expérience dans ce domaine.
Quelques chiffres tout d’abord qui nous indiquent l’importance de la promotion de la dimension du genre dans la coopération décentralisée pour le développement, car les femmes souffrent de la pauvreté plus que les hommes.
Plus de femmes que d’hommes vivent aujourd’hui avec moins de 1,90 $ par jour dans le monde. Dans la tranche d’âge entre 25 et 34 ans, le décalage entre les femmes et les hommes est particulièrement important ; au total pour chaque groupe de 100 hommes pauvres dans cette tranche d’âge, l’on compte 122 femmes pauvres dans le monde (1) .
L’on compte 15 millions de filles dans le monde qui ne sont pas scolarisée, au niveau de l’école primaire, et 10 millions de garçons (2) .
Plus de 50% des femmes et filles vivant dans les zones urbaines des pays en développement sont privées au moins de l’une de ces ressources : l’accès à l’eau propre, des installations sanitaires améliorées, un logement durable, une surface habitable suffisante.
La mortalité maternelle reste un fléau dans le monde. Environ 830 femmes meurent chaque jour de causes évitables liées aux complications dues à la grossesse et à l’accouchement (3).
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Selon Oxfam, 75% des femmes dans les pays en développement travaillent dans l’économie informelle, où elles ont moins de chance d’avoir un contrat de travail et de bénéficier de droits légaux ou d’une protection sociale. Leur rémunération est souvent trop faible pour sortir de la pauvreté.
Les exemples pourraient continuer.
Voilà pourquoi la prise en compte de la dimension du genre dans la coopération décentralisée pour le développement a un sens. Je suis fière d’avoir participé à développer cette perspective dans la stratégie de mise en œuvre de la politique européenne pour le développement,
lorsque j’étais Directrice de la coopération internationale et de la citoyenneté du CCRE ainsi que de Platforma.
Par ailleurs, le lancement d’un Programme européen dédié et la mise en place de Platforma, ont témoigné de la reconnaissance du rôle des collectivités territoriales dans la coopération pour le développement et de l’efficacité de la coopération décentralisée comme instrument voué à construire un monde meilleur et plus équitable pour tous.
La Charte pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale a été reconnue comme un outil extraordinaire pour la mise en œuvre de politiques locales pour l’égalité. Je suis fière d’avoir été à l’origine de cette Charte qui est aujourd’hui signée par presque 2000 gouvernements locaux et régionaux en Europe et qui a été une formidable source d’inspiration. Les élues locales Africaines, qui se sont rassemblée au sein de CGLU Afrique autour de REFELA, sont en train de travailler sur une Charte Africaine pour l’égalité.
Voici alors que penser la coopération décentralisée selon la dimension du genre est une priorité dans l’agenda de la coopération internationale. Le document édité par l’Association Française et Platforma veut suggérer une méthode de travail et de bonnes pratiques. Nous en avons identifié plusieurs en France, qui démontrent de la place des femmes et de l’égalité dans une approche différente de la coopération et de la gouvernance locale.
Nous espérons que nombreux seront les partenaires et acteurs de la coopération internationale qui s’appuierons sur cet outil pour promouvoir l’égalité dans leurs projets et qu’ils considéreront cet instrument utile. J'en suis certaine. Ils pourront par ailleurs compter sur l’appui de l’AFCCRE et de Platforma, avec lesquelles je serai ravie de continuer à coopérer en faveur de la coopération internationale et de l’égalité.
1.Source : ONU Femmes
2.Source : ONU Femmes
3.Source : Organisation Mondiale de la Santé