L’égalité entre les femmes et les hommes à l’ordre du jour du Comité des régions

J’ai été heureuse de répondre à l’invitation du Comité des régions pour introduire et modérer le débat « La démocratie en action: les femmes en politique », pendant le Sommet des villes et régions d’Europe qui s’est tenu à Marseille les 3 et 4 mars 2022,  dans le cadre de la présidence Français du Conseil de l’UE.

« Il ne peut y avoir de véritable démocratie si la voix des femmes n’est pas entendue. Il ne peut y avoir de démocratie si les femmes n’ont pas la possibilité d’assumer la responsabilité de leur propre vie. Il ne peut y avoir de véritable démocratie que si tous les citoyens sont en mesure de participer pleinement à la vie du pays ». J’ai choisi cette déclaration d’Hillary Clinton, ancienne secrétaire d’État américaine, pour ouvrir la session qui a été particulièrement réussie en ce qui concerne le nombre de participants et leur contribution aux débats.

En introduction, quelques données sur la présence des femmes dans la prise de décision politique au niveau local, dans l’UE (1): avec une moyenne de 34,4% dans l’UE, les cinq pays suivants sont en tête: Suède (43,3%), France (42,2%), Espagne (40,8%), Finlande (40,2%) et Belgique (38,6%). Trois pays ont moins de 20%: la Grèce (18,2%), Chypre (15,3%) et la Roumanie (12,4%). Les pourcentages de femmes maires sont encore plus faibles, avec une moyenne de 15,4% et seulement deux pays avec plus de 30%: la Suède (32,1%) et la Finlande (30,5%). Sur mon site Web, j’ai déjà abordé les questions concernant les données, les obstacles et les mesures possibles pour soutenir la participation des femmes à la vie politique.

Je voudrais souligner ici le rôle du débat au sein du Comité des Régions. Il y a de nombreuses années, lorsque j’étais responsable de la Commission des élues locales et régionales du CCRE, j’avais participé, de 199- à 1998, au groupe de travail pour l’égalité des chances mis en place au sein du Comité des régions nouvellement créé (créé par le traité de Maastricht en 1992). Ce groupe de travail fut lancé grâce à un groupe de femmes parmi lesquelles Rosemary McKenna, membre de la délégation britannique et présidente à l’époque de la Commission des élues du CCRE. À la suite de ces travaux, le Comité des régions adopta un document pour la reconnaissance de l’égalité des chances dans le cadre de ses travaux et de son fonctionnement, mais l’augmentation du nombre de femmes dans les délégations nationales dépend du processus de nomination dans les États membres, et il semble encore très difficile à atteindre.

Aujourd’hui, alors que l’égalité entre les femmes et les hommes figure en bonne place dans l’agenda internationale, c’est une bonne nouvelle que le CdR ouvre à nouveau le débat et la session de Marseille a certainement été un grand pas en avant. Plusieurs membres du Comité des Régions, hommes et femmes, ont pris part au débat. Parmi eux, Carola Gunnarsson[2], vice-présidente du CCRE et de CGLU, membre de l’Association suédoise qui a joué un rôle clé pour les grandes avancées de l’égalité des genres au sein du CCRE et avec qui j’ai eu le plaisir de collaborer pendant de nombreuses années.

Le CdR a déjà souligné la dimension de genre dans plusieurs avis au cours de ces dernières années: dans le rapport de Donatella Porzi sur « la dimension de genre des Fonds structurels et de cohésion 2021-2027 », par exemple, ou dans le rapport de Kata Tüttö sur « L’égalité entre les femmes et les hommes et le changement climatique: vers l’intégration de la perspective de genre dans le pacte vert pour l’Europe ». Le président du gouvernement régional de La Rioja (Espagne), Concepcion Andreu Rodriguez, avait été rapporteur sur « la stratégie européenne pour l’égalité entre les femmes et les hommes 2020-2025 » et a demandé que les autorités locales et régionales soient reconnues comme des acteurs clés dans la conception, la mise en œuvre et le suivi de la stratégie.

A l’issue de la session tenue à Marseille, après différentes contributions rappelant les principales questions concernant la participation des femmes à la vie politique aujourd’hui, y compris les nombreuses formes de violence et le phénomène croissant des propos sexistes et misogynes en ligne et des intimidations à l’égard des femmes en politique, rappelant qu’il ne peut y avoir d’égalité entre les femmes et les hommes sans les femmes dans la prise de décision politique, j’ai également souligné 

l’importance de l’égalité entre les femmes et les hommes dans le cadre du Plan de Résilience de l’UE

Les femmes ont beaucoup donné pendant la pandémie; elles ont été au premier rang pour sauver des vies, elles ont lutté pour concilier leur vie professionnelle avec leur vie personnelle quand elles ont dû s’occuper de leurs enfants qui ne pouvaient pas aller à l’école, beaucoup ont perdu leur emploi. Aujourd’hui, il est clair que l’égalité entre les femmes et les hommes doit être un point crucial de la mise en œuvre du plan de Résilience.

Après cette session à Marseille, quelques mois plus tard, il a été formidable de voir que l’égalité entre les femmes et les hommes a été prise en compte dans le rapport annuel du CdR sur la situation des régions et des villes publié en octobre 2022. Par ailleurs, la question de la part des femmes élues a été abordée plus concrètement dans la résolution sur le même sujet, grâce à un amendement introduit par les Verts, les socialistes (PSE) et les libéraux (Renew Europe), déclarant que« le CdR lancera donc une réflexion sur la manière d’accroître la participation des femmes à ses travaux, ses positions de leaders et sa composition, et invite les Etats membre à organiser des initiatives visant à autonomiser les femmes dans la politique locale et régionale afin de surmonter la discrimination dans le monde politique et de lutter contre les obstacles que les femmes rencontrent sur leur chemin, y compris les stéréotypes ». Félicitations au CdR et au groupe des Verts pour cette initiative, en particulier à mon ancienne collègue Angelika Poth Moegele, aujourd’hui secrétaire générale des Verts au CdR, dont je connais et apprécie l’engagement en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes.

Maintenant, le travail peut commencer !  Ce sera un plaisir d’apporter ma contribution, si nécessaire!

1)Source : EIGE – Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (www.eige.europa.eu) ;

[2]Carola Gunnarsson est Maire de Sala (Suède) et aujourd’hui Présidente de l’Association suédoise des pouvoirs locaux et régionaux.